Livory/Riou : le duo transgénérationnel du Figaro Interaction au Trophée BPGO

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Ils ont concouru ensemble lors du tour des îles du Ponant, parcours du Trophée BPGO de la classe Figaro. Les skippers du Figaro Interaction Yannig Livory et Margot Riou donnent du sens à une course voulue intergénérationnelle par ses organisateurs.

Yannig Livory, Margot Riou, vous avez tous les deux un métier en dehors de la voile. Pouvez-vous nous dire quel métier vous exercez ?

MARGOT RIOU : Je suis ingénieur textile dans le monde de la mode, chez Dior.

YANNIG LIVORY : Je suis chargé de développement économique sur le développement des parcs d’activités et d’installation des entreprises sur Lorient Agglomération.

Comment vous êtes-vous rencontrés tous les trois (avec Erwan Livory), en vue de constituer l’équipage Figaro Interaction ?

MR : Cela s’est fait au moment du Spi Ouest-France, en septembre 2021. Moi je commençais, je voulais mettre les pieds sur un Figaro et ça a été l’occasion de contacter la Classe Figaro en leur disant que j’étais disponible et motivée. Et s’il y a quelqu’un qui veut bien de moi, je suis preneuse. Et c’est comme ça que l’on navigue ensemble.

YL : On pensait déjà à agrandir l’équipe, à ce moment-là. On a reçu plusieurs propositions que l’on a étudiées. Avant tout, on voulait quelqu’un qui passe bien avec l’équipe Interaction Intérim.

C’était vraiment important pour nous. Il nous fallait quelqu’un d’avenant, qui sache communiquer. Indépendamment de la qualité du bateau, le premier critère il est humain.

Et puis après… On n’a pas poussé jusqu’à faire une sélection, avec Erwan, mais on a étudié les différents dossiers. Et naturellement, Margot s’est imposée. La performance, la connaissance de la course au large, ce n’était pas le premier critère. La relation humaine, c’était essentiel.

MR : Toute la partie technique, ça s’apprend. Par contre, le feeling, pour passer quatre jours en mer, si ça ne fonctionne pas ça peut être très long.

Yannig Livory et Margot Riou naviguent pendant le trophée BPGO à bord du Figaro Interaction

Avez-vous l’habitude de travailler avec des alternants, avec des apprenants, dans votre quotidien professionnel ?

MR : Pour ma part, j’ai fait mon école d’ingénieur en alternance pendant  trois ans. Cela m’a énormément appris, c’est une excellente méthode d’apprentissage. Comme je suis encore junior, à mon poste, je n’ai pas une grande expérience dans l’encadrement de ces profils, mais je travaille avec et j’essaye de leur apporter ce que moi j’ai reçu.

YL : Pour ma part, pas du tout. C’est vraiment d’un métier très spécifique que le miens. Il est basé essentiellement sur le relationnel, sur le réseau. Donc ce n’est pas tellement un métier de transmission, c’est avant tout de l’expérience personnelle. Ce qui me met dans une position compliquée, parce que je ne sais pas comment passer le flambeau. On y réfléchit.

Cette relation de partage d’expérience et d’apprentissage est au cœur de la philosophie du Trophée Banque Populaire Grand Ouest, via le programme Académie. Margot, est-ce que vous avez retrouvé cet esprit de partage pendant les quatre jours de course ?

MR : Absolument. Ce que je retiens tout particulièrement, c’est l’obligation mutuelle d’écoute. Pour apprendre, il faut être deux.

 Il faut que l’un soit prêt à apprendre et que l’autre soit prêt à transmettre. Mais ce n’est pas à sens unique. Le plus jeune peut aussi apprendre au plus ancien. C’est souvent une relation à double sens.

Aviez-vous une posture différente en tant qu’alternante ingénieure et en tant que skipper junior ?

MR : Dans les deux cas, j’ai soif d’apprendre. C’est assez naturel chez moi, donc je suis la même, sur un bateau ou dans mon bureau.

Yannig Livory, vous naviguez d’habitude avec votre frère Erwan. Est-ce compliqué de travailler en binôme avec une nouvelle et jeune sportive ?

YL : Non, pas du tout. Je suis tout à fait d’accord avec Margot pour dire que cet apprentissage, il est à double sens. La première question, c’est bien entendu de savoir si l’autre est prêt à écouter. Mais dans le même temps, je suis prêt à écouter l’autre dans ce qu’elle a à m’apporter. Après tant d’années de course, il y a des procédures auxquelles je ne pense plus. Il y a de nouvelles techniques que je ne connais pas. Margot arrive avec tout cela à transmettre. En échange, je lui transmets mon vécu des courses, tous les « trucs » qui permettent de faire les bons choix en mer.
Alors comme nous partageons cette vision des choses, ce fût facile de naviguer avec elle.

Si vous deviez retenir une situation de transmission, au cours de ces quatre jours, quelle serait-elle ?

MR : Ce n’est pas tant une situation particulière, que l’expérience en elle-même. Pour moi, cela a été l’occasion de me connaître au large. On ne sait jamais comment on va vivre cela, avant de partir, comment l’on va réagir. Tant que l’on n’a pas vécu un truc un peu compliqué, on peut se l’imaginer 15 000 fois. Mais ce ne sera jamais la réalité. Alors que là, le manque de sommeil, les besoins en nourriture et en eau, je les ai vraiment ressentis et compris.

Yannig, comment avez-vous choisi de vous positionner pour accompagner Margot dans cette course et cet apprentissage ?

YL : Le grand principe que je m’étais fixé c’était accepter de lui laisser de la place. Ne pas dire « je sais mieux faire, je vais faire, ce sera mieux fait ». Sur la navigation, par exemple. C’est quelque chose que je fais souvent, quand je navigue avec Erwan. Là, j’ai volontairement laissé la barre à Margot à de nombreuses reprises. C’est elle qui indiquait s’il y avait des roches, qui choisissait la route à prendre.

Accepter de laisser la place, c’est une chose. Après, la place est libre,  à Margot de dire « OK je la prends et je fais les choses ». Et oui, ce sera plus long. Ce qui pourrait prendre trente secondes prendra deux minutes ou se fera d’une façon différente. Mais Margot a la place pour apprendre.

Margot, vous continuez d’apprendre aux côtés d’Erwan et Yannig cette saison, quelle suite voulez-vous donner à votre carrière dans la voile ?

MR : Je réfléchis beaucoup. J’ai  échoué sur CMB à la deuxième place, donc j’étais vraiment aux portes de rentrer dans le monde professionnel de la voile. Mais c’est quand même un changement de vie qui est énorme, qui veut dire de laisser tomber le pro que je connais aujourd’hui.

En termes personnels, c’est pareil c’est un engagement énorme. Donc est-ce-que je veux y aller ou pas ? Ce sont mes grandes questions. Et puis à quelles conditions aussi ? Je sais ce que j’ai aujourd’hui et j’aime mon quotidien. Il faut que je sois sûre que c’est ce que j’ai envie de vivre au quotidien et pas juste pendant mes vacances.

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